C’est sans doute l’une des questions qui divise le plus les experts de la langue française. Si la prononciation de cette expression bien française est identique, l’orthographe, elle, est différente et nous sommes souvent tentés d’écrire une version à la place de l’autre.
Alors, « autant pour moi » ou « au temps pour moi » : quelle orthographe est la bonne ? Nous allons voir dans cet article que la réponse n’est pas aussi évidente qu’on le pense et qu’elle mérite que l’on s’y attarde un moment.
Passionné de langue française ? Explorons ensemble l’origine, le sens et les usages de cette expression afin de tenter de résoudre une bonne fois pour toutes ce dilemme orthographique.

Vous ne vous étiez sans doute jamais posé la question avant de devoir l’écrire : est-ce « autant pour moi » ou « au temps pour moi » ? Quelle version est correcte ?
Allez, ne paniquez plus. Respirez. Nous avons une bonne nouvelle pour vous, vous trouverez tout ce qu’il faut savoir dans cet article pour ne plus jamais douter de la bonne orthographe de cette expression. Et si vous voulez encore améliorer vos performances, foncez lire notre précédent article qui vous révèle 16 pièges invisibles à éviter pour ne plus faire de fautes.
Quelle est la signification de l’expression « autant/au temps pour moi » ?
Commençons par le commencement. D’après l’Académie française, cette expression signifie — et ce, peu importe son orthographe finalement — que l’on admet son erreur et que l’on va reprendre ou reconsidérer les choses depuis leur début.
Bref, lorsque l’on commet une maladresse et que l’on souhaite se rattraper auprès de la personne que l’on a offensée, « autant/au temps pour moi » semble être l’expression la plus appropriée.
Retenez toutefois qu’il s’agit d’une expression dite « familière« , c’est-à-dire qu’elle n’appartient pas au registre soutenu. Si vous voulez faire bonne impression et avoir l’air raffiné lors d’un dîner avec le président de la République par exemple (tout est possible !), évitez donc de l’employer. À la place, vous pouvez briller en utilisant l’expression latine « mea culpa » qui signifie littéralement « ma faute » et qui constitue également une manière élégante de reconnaître que l’on a mal agi.

Une origine militaire
D’après l’Académie française elle-même, il est impossible de savoir vraiment précisément à quelle époque ou comment est apparue l’expression « autant/au temps pour moi ». L’hypothèse qui semble toutefois la plus vraisemblable est celle qui renvoie au langage militaire, avec la graphie « au temps » et non « autant ».
En effet, lors d’un exercice, d’une manœuvre ou d’un défilé, les soldats devaient être en rythme — souvent celui d’une musique d’accompagnement — et de nombreuses injonctions leur étaient adressées pour leur indiquer comment et où se diriger.
Ils devaient ainsi respecter des « temps », c’est-à-dire des moments précis, effectués à la seconde près, et séparés par des pauses. Une petite erreur dans l’enchaînement, et hop ! on hurlait donc aux pauvres soldats fautifs « au temps ! » afin qu’ils recommencent leur mouvement correctement depuis le début.
De la critique à l’autocritique, il n’y a donc qu’un pas — ou plutôt, un temps —, et l’expression « au temps pour moi » aurait ainsi trouvé sa place dans les rangs militaires avant de s’intégrer finalement tout doucement dans le langage courant.
D’ailleurs, c’est également de cette origine que découle l’expression très connue : « en deux temps, trois mouvements », qui renvoie aux soldats qui effectuaient des mouvements très rapides pour changer leur arme de position. Plutôt logique, quand on y pense, n’est-ce pas ?
Le temps de la confusion
Il est vrai qu’à première vue, c’est la graphie « autant pour moi » qui semble la plus logique. Notamment parce qu’elle renvoie l’idée que l’on a fait une erreur, avec une certaine notion de réciprocité, « je pensais que tu avais tort, mais en voilà autant pour moi », réciprocité qui semble malgré tout absente de la version « au temps pour moi ».
Toutefois, et comme vous avez déjà pu le constater en lisant notre précédent article qui vous détaille les 69 fautes de français à ne plus (jamais) faire, la langue française est loin, très loin d’être simple, surtout lorsqu’il s’agit d’orthographe. Aussi, il n’est pas rare de s’emmêler les pinceaux devant ce qu’on appelle « l’homophonie ». Ce phénomène désigne des mots qui ont la même prononciation, mais un sens différent comme « autant » ou « au temps » ou encore « verre » ou « vair », par exemple. De quoi créer un joli embrouillamini, comme on les aime.
La graphie « autant pour moi » serait donc une altération de la graphie d’origine en raison de cette homophonie. Cela n’est pas sans rappeler le célèbre combat littéraire mené par Honoré de Balzac qui estimait que l’on devait écrire « Cendrillon ou la petite pantoufle de vair », affirmant ainsi que la version de Charles Perrault et sa « petite pantoufle de verre » était erronée.
Mais, est-on bien sûr de cela ? La question anime encore les linguistes à ce jour, tout comme celle de la graphie « au temps pour moi ».

Une expression qui fait encore débat
Eh oui, c’est bien là que les choses se corsent. Des voix s’élèvent et critiquent l’orthographe officielle et conforme à l’usage, à l’image du célèbre grammairien Maurice Grevisse. Celui-ci n’a jamais caché ses doutes et préférait la graphie « autant pour moi ». Pour lui, c’est la version « au temps pour moi » qui serait une altération et non l’inverse.
D’autres soupçonnent également l’expression « autant pour moi » d’être en réalité un calque de l’expression anglaise « so much for » qui se traduit par « autant pour » et qui est effectivement très similaire dans la forme et dans le sens.
Toutefois, et sauf ordre contraire, l’Académie française a tranché : elle estime que la seule et unique orthographe à retenir est celle conforme à l’étymologie.
La graphie « autant pour moi » n’est tout de même pas totalement fausse si vous en faites bon usage en l’utilisant notamment pour signaler à votre interlocuteur que vous désirez la même chose que lui.
Alors, ne doutez plus et obéissez aux ordres comme tout bon soldat : évitez les fantaisies (« OTAN pour moi », vous n’y pensez quand même pas !), et écrivez « au temps pour moi » !
« Autant pour moi » ou « Au temps pour moi » : quelques exemples pour ne plus vous tromper
- J’ai 20 euros dans mon porte-monnaie. Ah non, au temps pour moi, je n’ai que 10 euros.
- Jacqueline a commandé 10 sushis ? Alors, j’en veux autant pour moi, j’ai faim !
0 commentaires