C’est sans doute l’une des répliques les plus cultes du cinéma français : « Si j’aurais su, j’aurais pas venu » lançait un Petit Gibus désabusé dans le film La Guerre des boutons. Si cette phrase a une sonorité mignonne dans la bouche d’un enfant, elle n’est pourtant pas très jolie au regard de l’erreur de syntaxe qu’elle contient. D’ailleurs, cette célèbre erreur de langue française porte un nom : le solécisme.
Définition, origine complète, tableau explicatif avec les exemples les plus courants : découvrez dans cet article tout ce qu’il faut savoir sur le solécisme.

Le solécisme : définition et étymologie
Qu’est-ce qu’un solécisme ? De nombreux exemples parsèment nos conversations tous les jours, à tel point qu’il devient parfois difficile de les débusquer !
D’après la définition officielle de l’Académie française, un solécisme est une faute de langage consistant à employer une forme qui enfreint les règles de la syntaxe.
Dans les faits, le solécisme se démarque en tant que faute de syntaxe dans le fait qu’il vient entacher la fluidité et l’exactitude du discours. Il s’agit d’un dérapage qui arrive bien plus souvent qu’on ne le pense, et qui se remarque — à l’inverse de la faute d’orthographe — aussi bien à l’écrit qu’à l’oral.
Cette faute particulière résulte bien souvent d’une influence régionale ou d’une méconnaissance des règles grammaticales parfois complexes de la langue française (comme nous en parlions d’ailleurs dans notre article sur les 16 pièges invisibles à traquer absolument). D’une manière générale, le solécisme est toléré dans les milieux familiers ou dans la littérature. Toutefois, il peut poser problème s’il est utilisé dans un cadre juridique ou professionnel, par exemple.
L’origine du mot solécisme
Parlons maintenant de son origine plus que savoureuse. Apparu au XIIIe siècle, le mot « solécisme » est emprunté du latin « solœcismus », tiré du grec « soloikismos » qui signifie « faute contre les règles du langage », lui-même issu de Soloi, « Soles », nom d’une colonie athénienne de Cilicie, située dans le sud de la Turquie actuelle.
Cette île avait la réputation de mal maîtriser la langue grecque, notamment en raison de la présence de nombreux Athéniens attirés par le commerce. Ce sont ces fautes récurrentes de langage entre populations qui ont ainsi mené à l’apparition du mot « solécisme ».
Fait amusant : de nos jours, le solécisme ne désigne pas uniquement une erreur de syntaxe, il s’emploie également au figuré et de manière familière, afin de désigner une erreur quelconque. Le Littré parle ainsi « de solécisme en conduite » ou de « solécismes en fait de gestes ». On parle également de l’action de « soléciser ».
Solécisme ou barbarisme : quelle différence ?
Attention à ne pas confondre le solécisme avec le barbarisme ! Souvent considérés à tort comme des synonymes, ces deux termes sont des fautes de français courantes qui désignent des erreurs bien différentes.
En effet, le barbarisme consiste à inventer un mot ou à le déformer. Il est souvent le résultat d’une erreur de locution, comme dans cet exemple : « aréoport » au lieu d’« aéroport ».

8 exemples de solécismes (beaucoup trop !) fréquents
Exemple de solécisme | Correction | Explication |
---|---|---|
Si j’aurais su, je serais pas venu. | Si j’avais su, je ne serais pas venu. | Le « si » demande l’imparfait, et pas le conditionnel. Il manque également la négation « ne », sans cela, la construction est trop familière. |
Je me demande bien qu’est-ce qu’il a fait. | Je me demande bien ce qu’il a fait. | « Est-ce que » ne s’emploie que dans une question directe. Or, la phrase présente une interrogative indirecte, « ce qu’il » est approprié. |
Un espèce de débile | Une espèce de débile | Le nom « espèce » est féminin, il faut donc dire « une espèce d’idiot ». L’erreur fréquente est de se concentrer sur son complément, ici « débile » au masculin. |
Nous ne sommes pas assez nombreux, loin s’en faut ! |
Nous ne sommes pas assez nombreux, loin de là. OU Nous ne sommes pas assez nombreux, tant s’en faut ! |
Ici, il s’agit d’une confusion entre les expressions « loin de là » et « tant s’en faut » qui, elles, sont justes. Pour souligner une allégation, on dira donc : « loin de là ». Pour marquer un écart, une différence, on utilisera « tant s’en faut ». Qui signifie donc qu’il en manque beaucoup. |
Touche-moi pas ! | Ne me touche pas ! | En tournure négative, le « ne » est obligatoire. L’erreur vient du questionnement « ne touche pas qui ? moi ». Ici, le pronom complément doit se situer à gauche de l’impératif : ne ME touche pas. |
Je vais au coiffeur | Je vais chez le coiffeur | La phrase renvoie à l’idée de se rendre chez quelqu’un. On préfère donc utiliser « chez » que « au ». |
On se demande bien qu’est-ce qu’on fait pour les trouver au final ? |
Finalement, on se demande bien ce que l’on doit faire pour les trouver. OU Finalement, on se demande : que doit-on bien faire pour les trouver ? |
Double solécisme : « Au final » est grammaticalement faux. On préfère « finalement », en début de phrase, pour introduire un contexte. Ici, « est-ce que » ne s’emploie que dans une question directe. |
Je travaille sur Lyon | Je travaille à Lyon | La préposition « sur » n’a pas sa place devant un nom propre, car elle sert avant tout à désigner la position physique. « À » est plus approprié. |
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