Attention, voici la bête noire de beaucoup de monde. Et sans doute ce que la langue française a de plus difficile à offrir.
Nous voulons bien sûr parler des terribles règles d’accord du participe passé, qui nous obligent à nous triturer inlassablement les méninges. Alors, accorder ou ne pas accorder, telle est la question.
Si certaines règles semblent couler comme de l’eau de roche, d’autres en revanche révèlent d’obscures histoires de COI ou de transitivité… Voici donc un tour d’horizon des différentes règles et exceptions à connaître pour maîtriser cet aspect de la grammaire française, et ce, afin de vous mettre enfin d’accord avec vos accords.
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Les règles d’accord du participe passé sont un peu le symbole de la complexité de la langue française — tout comme ces 16 pièges invisibles à traquer (sans relâche) — tant elles suscitent souvent interrogations et erreurs.
Entre le choix de l’auxiliaire, la place du COD ou du COI et les nombreuses exceptions, il a de quoi s’emmêler les pinceaux et ne plus savoir où donner de la tête. Dans cet article, nous allons vous guider à travers ces fameuses règles grammaticales, le tout avec de nombreux exemples concrets.
Nous vous dévoilerons toutes les exceptions qui peuvent bouleverser ces logiques afin que les accords du participe passé n’aient enfin plus de secret pour vous.
Alors, prêt(e)s à accorder ?
Accord du participe passé : les règles de base

Le participe passé employé sans auxiliaire
Le participe passé, employé sans auxiliaire, s’accorde en genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte.
Exemple :
- Surprise, Juliette se retourna, effrayée et inquiète.
Avec l’auxiliaire « être », verbes passifs et intransitifs
Le participe passé employé avec l’auxiliaire « être » s’accorde toujours en genre et en nombre avec le sujet du verbe.
Exemple :
- Elle est partie.
- Les feuilles sont tombées de l’arbre.
Avec l’auxiliaire « avoir »
Lorsqu’il est utilisé avec l’auxiliaire avoir, le participe passé ne s’accorde pas avec le sujet, mais avec le complément d’objet direct (COD), si et seulement si ce dernier est placé avant le verbe.
Exemple :
- Elle a acheté des fleurs. (Pas d’accord : les fleurs suivent le verbe)
- Les fleurs qu’elle a achetées. (On accorde : le COD est « fleurs », et il est avant le verbe)
Le participe reste invariable
S’il n’a pas de COD :
Exemple :
- Ils ont répondu sans retard.
Si le COD est placé après :
Exemple :
- Nous avons mangé des fruits.
Normalement, jusqu’ici, rien de compliqué (quoique…) !
Allez, accrochez-vous : on commence les hostilités.
Les exceptionnelles exceptions de l’accord

Cas n°1 : Le participe passé conjugué avec « avoir » et suivi d’un infinitif
Le participe passé conjugué avec le verbe « avoir » et suivi d’un infinitif qui est complément d’objet reste invariable.
Exemple :
- Vous auriez dû écouter nos conseils.
- Les conseils que vous auriez dû écouter.
Cette construction se retrouve avec les verbes « voir », « entendre », « sentir », « laisser », « faire », « vouloir », « devoir », « pouvoir », « omettre de », etc.
REMARQUE
Avec les verbes « voir », « regarder », « entendre », « sentir », et « laisser », il ne faut pas confondre le sujet de l’infinitif avec son COD.
Exemple :
- J’ai entendu la chienne entrer. (Ici, « la chienne » est le sujet d’entrer et le COD de « ai entendu »).
Lorsque le COD du verbe conjugué, placé avant le participe passé, est aussi le sujet de l’infinitif, le participe passé s’accorde.
Exemple :
- La fille que j’ai entendue chanter. Ici, j’ai entendu qui ? « la fille », représentée par « que » est sujet de l’infinitif et précède le participe passé « entendu », alors on accorde.
ATTENTION avec cet exemple :
- La chanson que j’ai entendu chanter. Ici, « que » est mis pour « chanson », il est COD de l’infinitif chanter (chanter quoi ? une chanson) mais il n’est pas sujet de l’infinitif. Le participe passer reste invariable.
Cas n°2 : Le participe passé conjugué avec « avoir » et précédé du pronom « en »
Le participe passé conjugué avec l’auxiliaire « avoir » reste invariable si le COD qui précède est le pronom « en ». « En » est un pronom partitif ou de reprise quantitative. Il n’est jamais considéré comme un COD susceptible de déclencher l’accord, même placé avant le participe passé.
Exemple :
- J’ai cueilli des cerises dans mon jardin et j’en ai mangé un peu.
Cas n°3 : Le participe passé conjugué avec « avoir » et précédé du pronom « l’ » représentant une proposition
Le participe passé conjugué avec l’auxiliaire « avoir » reste invariable lorsque le pronom « l’ » reprend une idée, un fait ou une proposition entière, et non un nom précis.
Exemple :
- La journée fut plus ensoleillée qu’on ne l’avait espéré. Ici, « l’ » ne désigne pas la journée, mais le fait qu’elle ait été plus ensoleillée.
En revanche, lorsque le pronom « l’ » reprend un nom clairement identifiable, le participe passé s’accorde avec ce nom s’il est placé avant.
Contre-exemple :
- La journée, je ne l’ai pas espérée. Ici, « l’ » remplace la journée : l’accord est obligatoire.
Cas n°4 : L’accord du participe passé avec « avoir » : la question des verbes intransitifs et transitifs
Les participes passés couru, coûté, pesé, valu, vécu ne s’accordent pas lorsqu’ils sont employés sans COD. Le verbe est alors intransitif, même si un complément de durée, de mesure ou de valeur est placé avant.
Exemples :
- La somme colossale qu’a coûté ce vélo. Ici, coûter est intransitif ; la somme indique une valeur.
- Les trente minutes que nous avons couru dimanche. Ici, courir est intransitif ; les trente minutes expriment une durée.
En revanche, lorsque ces verbes sont employés avec un COD, le participe passé s’accorde avec ce COD s’il est placé avant. Cet emploi correspond le plus souvent à un sens figuré.
Exemple :
- Les terribles dangers que nous avons courus par sa faute. Ici, dangers est COD de courir : l’accord est obligatoire.
Cas n°5 : Le participe passé conjugué avec « avoir » : les verbes employés impersonnellement
Le participe passé d’un verbe employé impersonnellement reste invariable, car ce type de construction ne comporte pas de COD. Le pronom « il » est alors un sujet apparent, sans référent réel.
Exemple :
- Les dix jours qu’il a plu. Ici, pleuvoir est employé impersonnellement ; les dix jours expriment une durée et n’entraînent aucun accord.
Cas n°6 : Le participe passé conjugué avec « être » : les verbes pronominaux
Quelle est la règle ?
Les participes passés des verbes pronominaux (ce sont des verbes qui n’existent qu’à la forme pronominale ou dont le pronom réfléchi n’a pas de fonction grammaticale dans la phrase. Exemple : S’emparer, s’apercevoir, s’assoir, etc.) conjugués avec l’auxiliaire « être », suivent la règle des participes passés conjugués avec l’auxiliaire « avoir » et s’accordent donc en genre et en nombre avec le pronom réfléchi ou réciproque « se, me, te, nous, vous » si celui-ci est COD.
Ainsi, quand votre pronom réfléchi répond à la question « qui, quoi ? », on accorde le participe passé avec ce pronom.
Exemple :
- Elle s’est regardée dans le miroir. Elle a regardé qui ? Elle-même. Le « s’ » renvoie à « elle » qui est féminin, donc on accorde.
- Vous vous êtes battus. Vous avez battu qui ? Vous, pronom réciproque, COD, donc on accorde.
Alors, avez-vous bien suivi jusqu’ici ? Oui ? Vous trouvez même cela trop facile ?
OK, corsons encore un peu les choses.
Magie (ou folie) de la langue, il arrive que le pronom réfléchi ne soit plus COD, mais devienne un COI. Ainsi, dans les cas où le pronom réfléchi répond à la question « à qui, à quoi », le participe passé ne s’accorde pas.
Exemple :
- Elles se sont promis des tonnes de choses. Elles ont promis quoi, à qui ? Des tonnes de choses à elles. Ici, le COD de la phrase est « des tonnes de choses » et il est après le verbe. Le COI ici est « se », qui désigne « elles », donc on n’accorde pas.
Attention
Si le COD du verbe pronominal est placé avant le participe, ce dernier va s’accorder avec lui.
Exemple :
- La jambe qu’il s’est tordue. Ici, « qu’» est mis pour jambe, COD de « s’est tordu ». Il a tordu quoi ? Sa jambe.
Avez-vous bien lu cet article ? Passez le quiz !
Cherchez les erreurs parmi ces 5 propositions sur l’accord du participe passé. Vous avez 3 vies.
Corrections (à ne déplier qu’après avoir passé le quiz, bien sûr…)
1. Phrase correcte. On n’accorde pas « vu » car il est suivi de l’infinitif « bâtir ». Le pronom « que » (COD) représente la maison, qui fait l’action d’être bâtie. Quand le COD fait l’action exprimée par l’infinitif, le participe passé reste invariable.
2. Phrase incorrecte. On aurait dû écrire « nous nous sommes souvenus de vos conseils ». Ici, le participe passé d’un verbe pronominal de sens passif « se souvenir » doit s’accorder avec le sujet du verbe.
3. Phrase correcte. Ici, « se » est COD du verbe « aider ». Le COD étant placé avant le verbe, on accorde le participe passé. → On écrit « aidés ».
4. Phrase correcte. Ici, « coûter » est employé au sens figuré, donc transitif : cet examen a coûté les efforts. Le COD précède le verbe → accord du participe passé : « coûtés ».
5. Phrase incorrecte. À la voix passive, le participe passé s’accorde avec le sujet. → Ici, le sujet « maison » est féminin → on écrit « louée ».










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