Les noms composés en français : quel accord ? (+ liste & PDF)

Les noms composés en français : quel accord ? (+ liste & PDF)

Accorder ou ne pas accorder ? Telle est la question avec les noms composés de la langue française, qui sont de véritables épines orthographiques dès qu’il s’agit de les mettre au pluriel. Alors, afin d’éviter toute souffrance inutile, lisez cet article qui récapitule les règles générales d’accord des noms composés ainsi que leurs exceptions.

✅📋Ne partez pas trop vite ! Vous trouverez également une liste des noms composés les plus courants avec leur pluriel en fin de cet article, ainsi qu’un quiz en fin d’article pour tester votre niveau !

noms composés : règles d'accord en un coup d'oeil

Qu’est-ce qu’un mot composé ?

La langue forme un grand nombre de mots nouveaux en joignant deux ou plusieurs mots : nom et nom, adjectif et nom, verbe et nom, etc. On met, le plus souvent, un trait d’union entre les éléments de ces mots.

C’est donc ce que l’on appelle les mots composés à proprement parler. Et nous en connaissons toutes et tous énormément : chou-fleur ; plate-bande ; arrière-garde… la liste est longue !

Comment accorder les noms composés ?    

D’une manière générale, dans les noms composés, seuls le nom et l’adjectif peuvent se mettre au pluriel, si le sens le permet (une sage-femme, des sages-femmes). Et, lorsque le nom composé est formé de deux noms unis par une préposition, alors seul le premier s’accorde (un arc-en-ciel, des arcs-en-ciel).

Ça, c’est la règle générale, mais il y a des exceptions. Pas besoin de prendre un Doliprane, vous allez vite comprendre. Voyons ensemble tous les cas particuliers.

Doit-on écrire des « sèche-serviettes » ou des « sèche-serviette » ?

Eh bien, apprenez que l’on peut écrire les deux ! Fariboles, nous direz-vous, et vous auriez sans doute eu raison en 1990, avant la réforme de l’orthographe. Alors, comment doit-on accorder un nom composé ? Voilà indéniablement de quoi se faire des nœuds au cerveau. 

En effet, si tout cela peut sembler complexe de prime abord, l’accord des noms composés en français repose en réalité sur des règles de grammaire claires et précises (avec toutefois quelques exceptions, sinon ce n’est pas drôle). Très simples, elles pourront vous donner le goût de la tournure correcte et de la nuance en orthographe. Tout un programme, dans lequel nous nous plongeons maintenant.

Le pluriel des noms composés : toutes les règles d’accord

A. Les noms composés en un seul mot

Les noms composés qui s’écrivent en un seul mot forment leur pluriel comme des noms simples.

Exemples : un entresol, des entresols.  

Toutefois, pour toujours plus d’imbroglio, on écrit : un gentilhomme, des gentilshommes ; un bonhomme, des bonshommes, un monsieur, des messieurs ; madame, mesdames.

B. les noms composés en plusieurs mots

Accrochez-vous, là, on entre dans le vif du sujet.

Si les noms composés qui s’écrivent en plusieurs mots sont formés :

  1. d’un adjectif et d’un nom, ils prennent la marque du pluriel.
    • Exemple : un coffre-fort, des coffres-forts / Un château fort, des châteaux forts.  
  2. de deux noms en apposition, ils prennent la marque du pluriel.
    • Exemple : un chou-fleur, des choux-fleurs.
  3. d’un nom et de son complément introduit ou non par une préposition, seul le premier nom est au pluriel.
    • Exemples : Une pomme de terre, des pommes de terre. / Un timbre-poste, des timbres-poste (ici, la préposition n’est pas exprimée, on parle de La Poste, seule et unique, donc on n’accorde pas).
  4. d’un mot invariable et d’un nom, seul le nom est au pluriel.
    • Exemple : un en-tête, des en-têtes.
  5. de deux verbes ou d’une expression, tous les mots sont invariables.
    • Exemple : un tête-à-tête, des tête-à-tête.
  6. d’un verbe et de son complément, le verbe reste invariable et le nom conserve en général la même forme qu’au singulier (tous les noms composés de abat- ; cache- ; porte- ; presse- ), sauf dans certains cas.
    • Exemples :  un presse-purée, des presse-purée. / Un abat-jour, des abat-jour.
    • MAIS : un couvre-lit, des couvre-lits. / Un tire-bouchon, des tire-bouchons.

Pour ce dernier point, notons aussi que certains noms composés peuvent toujours être au pluriel. Ou avoir deux orthographes légitimes.

  • Exemple : un compte-gouttes. / Un/des essuie-main(s) ou un/des attrape-nigaud(s).

Cas particuliers

  1. Dans les noms composés du mot garde, celui-ci peut être un nom ou un verbe. S’il est un nom, c’est-à-dire qu’il a le sens de gardien, il prend la marque du pluriel. En revanche, s’il est un verbe, il reste invariable et le nom qui suit pourra prendre la marque du pluriel, selon le sens.
    • Exemple : un garde-malade, des gardes-malades. / Un garde-manger, des garde-manger. / Un garde-boue, des garde-boue (ici, garde est un verbe, il protège de la boue au singulier).
  2. Dans certaines expressions au féminin formées avec l’adjectif grand, l’usage veut que grand reste invariable.
  3. Quand le premier mot d’un nom composé se termine par un –o, ce mot reste invariable.
    • Exemple : un électro-aimant, des électro-aimants.

⚠️ ATTENTION :
Ne confondez pas « le cou-de-pied », c’est-à-dire le dessus du pied, et le coup de pied. Ce sont des homonymes, des mots de prononciation identique, mais de sens différents.
Prenez garde également aux termes issus du droit : un ayant droit et un ayant cause (l’Académie française ne met pas de trait d’union) qui révèlent la survivance d’un vieil usage du pluriel (des ayants droit, des ayants cause).

Noms composés : le tableau récapitulatif

Règle On accorde ou non ?
Pour tous les noms composés avec un seul mot Pluriel
Nom composé d’un adjectif + nom Pluriel aux deux mots
Nom composé de deux noms Pluriel aux deux mots
Nom composé d’un nom + complément Seul le premier nom est au pluriel
Nom composé d’un nom invariable + nom Seul le nom est au pluriel
Nom composé de deux verbes ou expression Invariable
Nom composé d’un verbe + complément Invariable, sauf exception
Nom composé du mot garde Si nom, sens de gardien, pluriel. Et nom qui suit reste invariable.
Si verbe, invariable et nom qui suit au pluriel, selon le sens.
Nom composé avec l’adjectif grand Invariable, sauf exception
Nom composé avec un nom terminant par -o Le premier mot est invariable

Et si vous le préférez en infographie (plus facile à partager), voici le récap’ des règles d’accord des noms composés ci-dessous.

Accord des noms composés : l’infographie

Infographie règles accord-noms composés

La liste des noms composés les plus courants et leur accord (à télécharger en PDF)

Enfin, pour peaufiner vos connaissances sur l’orthographe et les accords, voici une liste des 30 noms composés les plus courants en français et de leur pluriel. Règles complètes et liste d’exemples que vous pouvez télécharger en PDF ou en HTML et réutiliser librement pour tous vos besoins pédagogiques. 💎💎

Noms composés Pluriel
Un à-côtéDes à-côtés
Un à-coupDes à-coups
Une arrière-saisonDes arrière-saisons
Un essuie-main(s)Des essuie-main(s)
Un(e) après-midiDes après-midi
Une avant-gardeDes avant-gardes
Un brise-glaceDes brise-glace
Un cerf-volantDes cerfs-volants
Un chef-d’œuvreDes chefs-d’œuvre
Un contre-ordreDes contre-ordres
Un coupe-feuDes coupe-feu
Un crève-cœurDes crève-cœur
Un emporte-pièceDes emporte-pièce
Un en-têteDes en-têtes
Un faire-partDes faire-part
Un savoir-faireDes savoir-faire
Un garde-fouDes garde-fous
Un grille-painDes grille-pain
Un haut-parleurDes haut-parleurs
Un laissez-passerDes laissez-passer
Un monte-chargeDes monte-charge
Un passe-partoutDes passe-partout
Un porte-paroleDes porte-parole
Un rabat-joieDes rabat-joie
Un serre-têteDes serre-tête
Un souffre-douleurDes souffre-douleur
Un sous-solDes sous-sols
Un tête-à-têteDes tête-à-tête
Un tout-à-l’égoutDes tout-à-l’égout
Un trouble-fêteDes trouble-fêtes

Avez-vous bien lu cet article ? Passez le quiz !

Mettez au pluriel les noms composés suivants. Attention, vous n’avez que 3 « vies » !

Proposition a) :

Un monte-charge


A) Des monte-charge
B) Des monte-charges
C) Les deux sont admis

Proposition b) :

Un court-circuit


A) Des court-circuit
B) Des courts-circuits
C) Des courts-circuit

Proposition c) :

Un micro-ordinateur


A) Des micros-ordinateurs
B) Des micro-ordinateurs
C) Des micro-ordinateur

Proposition d) :

Une arrière-boutique


A) Des arrières-boutiques
B) Des arrière-boutiques
C) Des arrière-boutique

Proposition e) :

Un pince-sans-rire


A) Des pince-sans-rire
B) Des pinces-sans-rire
C) Des pince-sans-rires

Corrections (à ne déplier qu’après avoir passé le quiz, bien sûr…)


a) Des monte-charge ou des monte-charges : composé d’un verbe + complément, on peut ne pas accorder, ou accorder le complément « charges ».

b) Des courts-circuits : ici, court est un adjectif et circuit un nom → on accorde les deux.

c) Des micro-ordinateurs : « micro » est un nom invariable se terminant par -o, seul le deuxième mot prend le pluriel.

d) Des arrière-boutiques : « arrière » est un élément invariable, on accorde uniquement le nom principal « boutique ».

e) Des pince-sans-rire : il s’agit d’une expression figée, donc invariable au pluriel.

Top 13 des fautes de syntaxe que l’on entend tous les jours

Top 13 des fautes de syntaxe que l’on entend tous les jours

Que celui ou celle qui n’a jamais commis d’erreurs, grammaticalement parlant, lève les mains de son clavier. Personne ? C’est bien normal, car le français étant une langue très difficile, il n’est pas rare de s’emmêler les pinceaux au cours d’une discussion, malmenant au passage la sacro-sainte syntaxe.

Pourtant, tout cela n’est pas une fatalité. Faute base qui hérisse les poils, ou erreur un peu plus « technique », découvrez dans cet article notre Top 13 des fautes de syntaxe les plus répandues (et douloureuses), pour ne plus jamais être pris en faute.

Qu’est-ce qu’une rupture de syntaxe ?

Il existe des erreurs de français plus difficiles à entendre que d’autres. Des erreurs qui donnent un peu envie de demander : « mais, de quoi tu causes ? ». Au quotidien, la grammaire subit quelques offenses que nous allons tenter de réparer grâce à cet article, afin de nous éviter la rupture. Comme la rupture de syntaxe.

D’ailleurs, de quoi s’agit-il ? C’est lorsque la fin de la phrase n’est plus en harmonie avec son début. Ainsi, en lisant du début à la fin notre top 13 des fautes de syntaxe, vous vous lancez dans une quête ambitieuse : celle de parler un français sans fautes. Ensuite, fini les excuses, vous ne pourrez plus dire que « vous ne sachiez pas ».

Qu’est-ce qu’une faute de syntaxe ?

Continuons notre exploration de ce formidable concept linguistique. Il s’agit d’une partie de la grammaire très utile, puisqu’elle s’intéresse à l’ordre des mots et aux règles qui président leur regroupement. La syntaxe, pour simplifier, c’est la manière dont les mots s’agencent pour former une phrase compréhensible et logique.

Il est possible de faire une faute de syntaxe :

  • Si un mot n’est pas placé correctement dans la phrase.
  • Si l’on oublie un mot dans la phrase.
  • Si l’on ne place pas le bon mot avec la bonne signification, dans la phrase.

Que ce soit sur les réseaux sociaux, sur Internet ou à la télévision, les fautes de syntaxe sont monnaie courante. Autant on peut parfois tomber dans le piège d’une exception de la langue française (qui est une langue difficile !), autant certaines fautes relèvent du sacrilège ! Pour votre plus grand bonheur, voici un florilège de ces fautes les plus répandues et qui font mal à la grammaire.

fautes de syntaxe : le problème de la phrase interrogative insérée au milieu d'une phrase

1) C’est qui qui a fait ce carnage ?

Oui, en parlant de carnage, en voici un beau. Ici, le redoublement de pronom relatif n’a pas lieu d’être. De plus, le mot interrogatif « qui » doit être placé en début de phrase, en inversant le sujet.

Phrase correcte : Qui a fait ce carnage ?

2) Je sais pas c’est qui.    

Entendu aussi avec « je sais pas c’est quoi » ou « je sais pas c’est où ». Un bel exemple d’oubli de négation (« ne »), plutôt courant à l’oral et qui ne nous choque pas à outrance (quoique…les Kevin, on vous voit), mais surtout une belle inversion verbe/complément digne des plus grands cancres en grammaire (hein, Kevin ?).

Phrase correcte : Je ne sais pas qui c’est.

3) C’est Ginette qui est entrée à l’intérieur de la maison.

Et bim ! Cette Ginette, toujours dans les mauvais coups… surtout ceux portés à la grammaire. L’expression « entrée à l’intérieur » constitue un pléonasme, c’est-à-dire une répétition, complètement inutile ici. 

Phrase correcte : C’est Ginette qui est entrée dans la maison.

4) Je travaille sur Lyon. 

Celle-ci, elle fait plutôt rigoler, car à moins que Lyon soit un ami ou un canapé, il ne semble pas logique d’utiliser « sur » pour parler d’une ville.

Phrase correcte : je travaille à Lyon.

5)  C’est de cela dont il s’agit.

Cet exemple est déjà plus technique, car on l’entend vraiment partout. Tant et si bien que l’on commence à penser qu’il s’agit d’une version correcte et soutenue. Eh bien, que nenni ! Si la phrase est construite avec un « de », alors ce n’est pas le pronom « dont » qu’il faut utiliser après, mais « que ».       

Phrase correcte : « C’est de cela qu’il s’agit. » OU « C’est cela dont il s’agit. »

6) Cette situation pose problème.

Un seul mot vous manque et tout est dépeuplé. Ici, il manque l’article indéfini « un ».     

Phrase correcte : Cette situation pose un problème.

7) Pour les personnes âgées, il faut leur accorder de meilleures conditions de vie.

Ici, c’est l’inverse du point 6 de notre Top. Comme dit toujours Papy Édouard : « Mollo très mollo, point trop n’en faut, mon coco ». Et il avait raison ! À vouloir trop en faire, on ajoute des mots et… on se trompe ! Faites confiance à Papy Edouard, la syntaxe, c’est son truc.

Phrase correcte : Il faut accorder de meilleures conditions de vie aux personnes âgées.

8) J’arrive pas à comprendre qu’est-ce qui se passe.

RIP la grammaire. Ici, rien ne va. Outre, encore une fois, la négation en début de phrase qui n’a pas été respectée (pauvre négation, toujours ignorée et bafouée), nous avons ici un bel exemple de phrase interrogative indirecte. Et c’est INTERDIT, bon Diou.

Phrase correcte : Je n’arrive pas à comprendre ce qui/qu’il se passe.

9) Au jour d’aujourd’hui, plus personne ne respecte la grammaire.

Voilà qui est mal dit, mais bon, qui sommes-nous pour juger, après tout ? Par contre, ce pléonasme, lui, vous juge doublement. En effet, « aujourd’hui » étant déjà un pléonasme (« hui » vient du latin  « hŏdĭē » qui signifie déjà « jour »), dire « au jour d’aujourd’hui » revient à dire « au jour du jour de ce jour ». Bref, un pléonasme, ça passe, deux pléonasmes, ça trépasse.

Phrase correcte : Aujourd’hui, plus personne ne respecte la grammaire.

10) Nous ne sommes pas assez nombreux, loin s’en faut !

Oh ! Le beau solécisme !

Solé..quoi ? Vous ne savez pas de quoi il s’agit ? Pas de panique, découvrez tout ce qu’il faut savoir sur cette belle erreur de syntaxe grâce à notre brillant article sur le sujet.
Ici, il s’agit d’une confusion entre les expressions « loin de là » et de « tant s’en faut » qui, elles, sont justes. Pour souligner une allégation, on dira donc : « loin de là ».  Pour marquer un écart, une différence, on utilisera « tant s’en faut » qui signifie donc qu’il en manque beaucoup.

Phrase correcte : Nous ne sommes pas assez nombreux, loin de là ! OU Nous ne sommes pas assez nombreux, tant s’en faut !

11) Nous vous partageons tout ce qu’on sait sur la syntaxe.

Double outrage :

« Nous vous partageons » : ici, « nous vous partageons » n’est pas une formulation correcte, car il est un calque de l’anglais « to share ». L’Académie française rappelle d’ailleurs qu’il est déconseillé d’employer le verbe « partager » au sens de « communiquer », « échanger des propos » ou encore de « discuter ». Elle précise que « dans une conversation, on ne partage pas son point de vue, ses idées, son opinion, mais on cherche à les faire partager à son interlocuteur ».

Et « tout ce qu’on sait » : même si la construction en elle-même est grammaticalement correcte, l’utilisation familière du « on » doit être remplacée par le « nous » afin de s’aligner avec le reste de la phrase et d’assurer une certaine cohérence. Eh oui, NOUS sommes tatillons, parce que NOUS sommes respectueux de cette belle langue qu’est le français.

Phrase correcte : Nous partageons avec vous tout ce que nous savons sur la syntaxe.

12) « À toutes choses égales, il vaut mieux s’enfoncer dans la nuit qu’un clou dans la fesse droite, ou gauche, selon le cas ou les circonstances. » (Pierre Dac)

Allô, c’est grave, Docteur Grammaire ? Oui, c’est un zeugme. Ce n’est pas une maladie honteuse, juste une erreur de syntaxe. Heureusement, ça se traite (surtout en littérature, à des fins stylistiques).

Ici, le verbe « s’enfoncer » est utilisé dans deux contextes très différents : l’un abstrait (« dans la nuit ») et l’autre concret (« un clou dans la fesse droite, ou gauche »). C’est drôle, mais c’est une erreur quand même.   

Phrase correcte : À toutes choses égales, il vaut mieux s’enfoncer dans la nuit plutôt que de se planter un clou dans la fesse.

13) J’ai, hier, enfin compris les règles de la syntaxe.

Les adverbes, ça ne se place pas n’importe où, sinon cela peut altérer le sens de la phrase ou la rendre confuse.    
Un adverbe de temps, comme « hier », doit se placer en début ou en fin de phrase. Puisqu’on vous le dit. Faites-nous confiance, on n’est pas nés d’hier.

Phrase correcte : Hier, j’ai enfin compris les règles de la syntaxe.

Voilà pour les pires fautes de syntaxe, qui nous fatiguent les oreilles et les yeux au quotidien. En voyez-vous une que j’aurais oubliée ? Si oui, partagez-la en commentaires !

Solécisme : définition + 8 exemples (qu’on ne veut plus entendre)

Solécisme : définition + 8 exemples (qu’on ne veut plus entendre)

C’est sans doute l’une des répliques les plus cultes du cinéma français : « Si j’aurais su, j’aurais pas venu » lançait un Petit Gibus désabusé dans le film La Guerre des boutons. Si cette phrase a une sonorité mignonne dans la bouche d’un enfant, elle n’est pourtant pas très jolie au regard de l’erreur de syntaxe qu’elle contient. D’ailleurs, cette célèbre erreur de langue française porte un nom : le solécisme. 

Définition, origine complète, tableau explicatif avec les exemples les plus courants : découvrez dans cet article tout ce qu’il faut savoir sur le solécisme.

Solécismes exemples et définition pour ne plus faire d'erreur
Sacrés solécismes ! Toujours à se fourrer là où on ne les attend pas…

Le solécisme : définition et étymologie

Qu’est-ce qu’un solécisme ? De nombreux exemples parsèment nos conversations tous les jours, à tel point qu’il devient parfois difficile de les débusquer !

D’après la définition officielle de l’Académie française, un solécisme est une faute de langage consistant à employer une forme qui enfreint les règles de la syntaxe.

Dans les faits, le solécisme se démarque en tant que faute de syntaxe dans le fait qu’il vient entacher la fluidité et l’exactitude du discours. Il s’agit d’un dérapage qui arrive bien plus souvent qu’on ne le pense, et qui se remarque — à l’inverse de la faute d’orthographe — aussi bien à l’écrit qu’à l’oral.

Cette faute particulière résulte bien souvent d’une influence régionale ou d’une méconnaissance des règles grammaticales parfois complexes de la langue française (comme nous en parlions d’ailleurs dans notre article sur les 16 pièges invisibles à traquer absolument). D’une manière générale, le solécisme est toléré dans les milieux familiers ou dans la littérature. Toutefois, il peut poser problème s’il est utilisé dans un cadre juridique ou professionnel, par exemple.

L’origine du mot solécisme

Parlons maintenant de son origine plus que savoureuse. Apparu au XIIIe siècle, le mot « solécisme » est emprunté du latin « solœcismus », tiré du grec « soloikismos » qui signifie « faute contre les règles du langage », lui-même issu de Soloi, « Soles », nom d’une colonie athénienne de Cilicie, située dans le sud de la Turquie actuelle.

Cette île avait la réputation de mal maîtriser la langue grecque, notamment en raison de la présence de nombreux Athéniens attirés par le commerce. Ce sont ces fautes récurrentes de langage entre populations qui ont ainsi mené à l’apparition du mot « solécisme ».     

Fait amusant : de nos jours, le solécisme ne désigne pas uniquement une erreur de syntaxe, il s’emploie également au figuré et de manière familière, afin de désigner une erreur quelconque. Le Littré parle ainsi « de solécisme en conduite » ou de « solécismes en fait de gestes ». On parle également de l’action de « soléciser ».

Solécisme ou barbarisme : quelle différence ?

Attention à ne pas confondre le solécisme avec le barbarisme ! Souvent considérés à tort comme des synonymes, ces deux termes sont des fautes de français courantes qui désignent des erreurs bien différentes.

En effet, le barbarisme consiste à inventer un mot ou à le déformer. Il est souvent le résultat d’une erreur de locution, comme dans cet exemple : « aréoport » au lieu d’« aéroport ».

Différence entre solécisme et barbarisme

8 exemples de solécismes (beaucoup trop !) fréquents


Exemple de solécisme Correction Explication
Si j’aurais su, je serais pas venu. Si j’avais su, je ne serais pas venu. Le « si » demande l’imparfait, et pas le conditionnel.
Il manque également la négation « ne », sans cela, la construction est trop familière.
Je me demande bien qu’est-ce qu’il a fait. Je me demande bien ce qu’il a fait. « Est-ce que » ne s’emploie que dans une question directe. Or, la phrase présente une interrogative indirecte, « ce qu’il » est approprié.
Un espèce de débile Une espèce de débile Le nom « espèce » est féminin, il faut donc dire « une espèce d’idiot ». L’erreur fréquente est de se concentrer sur son complément, ici « débile » au masculin.
Nous ne sommes pas assez nombreux, loin s’en faut ! Nous ne sommes pas assez nombreux, loin de là.

OU

Nous ne sommes pas assez nombreux, tant s’en faut !
Ici, il s’agit d’une confusion entre les expressions « loin de là » et « tant s’en faut » qui, elles, sont justes.

Pour souligner une allégation, on dira donc : « loin de là ».
Pour marquer un écart, une différence, on utilisera « tant s’en faut ». Qui signifie donc qu’il en manque beaucoup.
Touche-moi pas ! Ne me touche pas ! En tournure négative, le « ne » est obligatoire. L’erreur vient du questionnement « ne touche pas qui ? moi ». Ici, le pronom complément doit se situer à gauche de l’impératif : ne ME touche pas.
Je vais au coiffeur Je vais chez le coiffeur La phrase renvoie à l’idée de se rendre chez quelqu’un. On préfère donc utiliser « chez » que « au ».
On se demande bien qu’est-ce qu’on fait pour les trouver au final ? Finalement, on se demande bien ce que l’on doit faire pour les trouver.

OU

Finalement, on se demande : que doit-on bien faire pour les trouver ?
Double solécisme :

« Au final » est grammaticalement faux. On préfère « finalement », en début de phrase, pour introduire un contexte.

Ici, « est-ce que » ne s’emploie que dans une question directe.
Je travaille sur Lyon Je travaille à Lyon La préposition « sur » n’a pas sa place devant un nom propre, car elle sert avant tout à désigner la position physique. « À » est plus approprié.
« Autant pour moi » ou « Au temps pour moi » : lequel est juste ?

« Autant pour moi » ou « Au temps pour moi » : lequel est juste ?

C’est sans doute l’une des questions qui divise le plus les experts de la langue française. Si la prononciation de cette expression bien française est identique, l’orthographe, elle, est différente et nous sommes souvent tentés d’écrire une version à la place de l’autre.

Alors, « autant pour moi » ou « au temps pour moi » : quelle orthographe est la bonne ? Nous allons voir dans cet article que la réponse n’est pas aussi évidente qu’on le pense et qu’elle mérite que l’on s’y attarde un moment.

Passionné de langue française ? Explorons ensemble l’origine, le sens et les usages de cette expression afin de tenter de résoudre une bonne fois pour toutes ce dilemme orthographique.

Autant pour moi : quelle orthographe ?

Vous ne vous étiez sans doute jamais posé la question avant de devoir l’écrire : est-ce « autant pour moi » ou « au temps pour moi » ? Quelle version est correcte ?

Allez, ne paniquez plus. Respirez. Nous avons une bonne nouvelle pour vous, vous trouverez tout ce qu’il faut savoir dans cet article pour ne plus jamais douter de la bonne orthographe de cette expression. Et si vous voulez encore améliorer vos performances, foncez lire notre précédent article qui vous révèle 16 pièges invisibles à éviter pour ne plus faire de fautes. 

Quelle est la signification de l’expression « autant/au temps pour moi » ?

Commençons par le commencement. D’après l’Académie française, cette expression signifie — et ce, peu importe son orthographe finalement — que l’on admet son erreur et que l’on va reprendre ou reconsidérer les choses depuis leur début.

Bref, lorsque l’on commet une maladresse et que l’on souhaite se rattraper auprès de la personne que l’on a offensée, « autant/au temps pour moi » semble être l’expression la plus appropriée.

Retenez toutefois qu’il s’agit d’une expression dite « familière« , c’est-à-dire qu’elle n’appartient pas au registre soutenu. Si vous voulez faire bonne impression et avoir l’air raffiné lors d’un dîner avec le président de la République par exemple (tout est possible !), évitez donc de l’employer. À la place, vous pouvez briller en utilisant l’expression latine « mea culpa » qui signifie littéralement « ma faute » et qui constitue également une manière élégante de reconnaître que l’on a mal agi.

 L’origine de l’expression « au temps pour moi » serait militaire
L’origine de l’expression « au temps pour moi » serait militaire

Une origine militaire

D’après l’Académie française elle-même, il est impossible de savoir vraiment précisément à quelle époque ou comment est apparue l’expression « autant/au temps pour moi ». L’hypothèse qui semble toutefois la plus vraisemblable est celle qui renvoie au langage militaire, avec la graphie « au temps » et non « autant ».

En effet, lors d’un exercice, d’une manœuvre ou d’un défilé, les soldats devaient être en rythme — souvent celui d’une musique d’accompagnement — et de nombreuses injonctions leur étaient adressées pour leur indiquer comment et où se diriger. 
Ils devaient ainsi respecter des « temps », c’est-à-dire des moments précis, effectués à la seconde près, et séparés par des pauses. Une petite erreur dans l’enchaînement, et hop ! on hurlait donc aux pauvres soldats fautifs « au temps ! » afin qu’ils recommencent leur mouvement correctement depuis le début.

De la critique à l’autocritique, il n’y a donc qu’un pas — ou plutôt, un temps —, et l’expression « au temps pour moi » aurait ainsi trouvé sa place dans les rangs militaires avant de s’intégrer finalement tout doucement dans le langage courant.        
D’ailleurs, c’est également de cette origine que découle l’expression très connue : « en deux temps, trois mouvements », qui renvoie aux soldats qui effectuaient des mouvements très rapides pour changer leur arme de position. Plutôt logique, quand on y pense, n’est-ce pas ?

Le temps de la confusion

Il est vrai qu’à première vue, c’est la graphie « autant pour moi » qui semble la plus logique. Notamment parce qu’elle renvoie l’idée que l’on a fait une erreur, avec une certaine notion de réciprocité, « je pensais que tu avais tort, mais en voilà autant pour moi », réciprocité qui semble malgré tout absente de la version « au temps pour moi ».

Toutefois, et comme vous avez déjà pu le constater en lisant notre précédent article qui vous détaille les 69 fautes de français à ne plus (jamais) faire, la langue française est loin, très loin d’être simple, surtout lorsqu’il s’agit d’orthographe. Aussi, il n’est pas rare de s’emmêler les pinceaux devant ce qu’on appelle « l’homophonie ». Ce phénomène désigne des mots qui ont la même prononciation, mais un sens différent comme « autant » ou « au temps » ou encore « verre » ou « vair », par exemple. De quoi créer un joli embrouillamini, comme on les aime.

La graphie « autant pour moi » serait donc une altération de la graphie d’origine en raison de cette homophonie. Cela n’est pas sans rappeler le célèbre combat littéraire mené par Honoré de Balzac qui estimait que l’on devait écrire « Cendrillon ou la petite pantoufle de vair », affirmant ainsi que la version de Charles Perrault et sa « petite pantoufle de verre » était erronée.

Mais, est-on bien sûr de cela ? La question anime encore les linguistes à ce jour, tout comme celle de la graphie « au temps pour moi ».

L’Académie française a finalement tranché : « au temps pour moi » est la bonne orthographe
L’Académie française a finalement tranché : « au temps pour moi » est la bonne orthographe

Une expression qui fait encore débat

Eh oui, c’est bien là que les choses se corsent. Des voix s’élèvent et critiquent l’orthographe officielle et conforme à l’usage, à l’image du célèbre grammairien Maurice Grevisse. Celui-ci n’a jamais caché ses doutes et préférait la graphie « autant pour moi ». Pour lui, c’est la version « au temps pour moi » qui serait une altération et non l’inverse.

D’autres soupçonnent également l’expression « autant pour moi » d’être en réalité un calque de l’expression anglaise « so much for » qui se traduit par « autant pour » et qui est effectivement très similaire dans la forme et dans le sens.        

Toutefois, et sauf ordre contraire, l’Académie française a tranché : elle estime que la seule et unique orthographe à retenir est celle conforme à l’étymologie.

La graphie « autant pour moi » n’est tout de même pas totalement fausse si vous en faites bon usage en l’utilisant notamment pour signaler à votre interlocuteur que vous désirez la même chose que lui.

Alors, ne doutez plus et obéissez aux ordres comme tout bon soldat : évitez les fantaisies (« OTAN pour moi », vous n’y pensez quand même pas !), et écrivez « au temps pour moi » !

« Autant pour moi » ou « Au temps pour moi » : quelques exemples pour ne plus vous tromper

  • J’ai 20 euros dans mon porte-monnaie. Ah non, au temps pour moi, je n’ai que 10 euros.
  • Jacqueline a commandé 10 sushis ? Alors, j’en veux autant pour moi, j’ai faim !