Solécisme : définition + 8 exemples (qu’on ne veut plus entendre)

Solécisme : définition + 8 exemples (qu’on ne veut plus entendre)

C’est sans doute l’une des répliques les plus cultes du cinéma français : « Si j’aurais su, j’aurais pas venu » lançait un Petit Gibus désabusé dans le film La Guerre des boutons. Si cette phrase a une sonorité mignonne dans la bouche d’un enfant, elle n’est pourtant pas très jolie au regard de l’erreur de syntaxe qu’elle contient. D’ailleurs, cette célèbre erreur de langue française porte un nom : le solécisme. 

Définition, origine complète, tableau explicatif avec les exemples les plus courants : découvrez dans cet article tout ce qu’il faut savoir sur le solécisme.

Solécismes exemples et définition pour ne plus faire d'erreur
Sacrés solécismes ! Toujours à se fourrer là où on ne les attend pas…

Le solécisme : définition et étymologie

Qu’est-ce qu’un solécisme ? De nombreux exemples parsèment nos conversations tous les jours, à tel point qu’il devient parfois difficile de les débusquer !

D’après la définition officielle de l’Académie française, un solécisme est une faute de langage consistant à employer une forme qui enfreint les règles de la syntaxe.

Dans les faits, le solécisme se démarque en tant que faute de syntaxe dans le fait qu’il vient entacher la fluidité et l’exactitude du discours. Il s’agit d’un dérapage qui arrive bien plus souvent qu’on ne le pense, et qui se remarque — à l’inverse de la faute d’orthographe — aussi bien à l’écrit qu’à l’oral.

Cette faute particulière résulte bien souvent d’une influence régionale ou d’une méconnaissance des règles grammaticales parfois complexes de la langue française (comme nous en parlions d’ailleurs dans notre article sur les 16 pièges invisibles à traquer absolument). D’une manière générale, le solécisme est toléré dans les milieux familiers ou dans la littérature. Toutefois, il peut poser problème s’il est utilisé dans un cadre juridique ou professionnel, par exemple.

L’origine du mot solécisme

Parlons maintenant de son origine plus que savoureuse. Apparu au XIIIe siècle, le mot « solécisme » est emprunté du latin « solœcismus », tiré du grec « soloikismos » qui signifie « faute contre les règles du langage », lui-même issu de Soloi, « Soles », nom d’une colonie athénienne de Cilicie, située dans le sud de la Turquie actuelle.

Cette île avait la réputation de mal maîtriser la langue grecque, notamment en raison de la présence de nombreux Athéniens attirés par le commerce. Ce sont ces fautes récurrentes de langage entre populations qui ont ainsi mené à l’apparition du mot « solécisme ».     

Fait amusant : de nos jours, le solécisme ne désigne pas uniquement une erreur de syntaxe, il s’emploie également au figuré et de manière familière, afin de désigner une erreur quelconque. Le Littré parle ainsi « de solécisme en conduite » ou de « solécismes en fait de gestes ». On parle également de l’action de « soléciser ».

Solécisme ou barbarisme : quelle différence ?

Attention à ne pas confondre le solécisme avec le barbarisme ! Souvent considérés à tort comme des synonymes, ces deux termes sont des fautes de français courantes qui désignent des erreurs bien différentes.

En effet, le barbarisme consiste à inventer un mot ou à le déformer. Il est souvent le résultat d’une erreur de locution, comme dans cet exemple : « aréoport » au lieu d’« aéroport ».

Différence entre solécisme et barbarisme

8 exemples de solécismes (beaucoup trop !) fréquents


Exemple de solécisme Correction Explication
Si j’aurais su, je serais pas venu. Si j’avais su, je ne serais pas venu. Le « si » demande l’imparfait, et pas le conditionnel.
Il manque également la négation « ne », sans cela, la construction est trop familière.
Je me demande bien qu’est-ce qu’il a fait. Je me demande bien ce qu’il a fait. « Est-ce que » ne s’emploie que dans une question directe. Or, la phrase présente une interrogative indirecte, « ce qu’il » est approprié.
Un espèce de débile Une espèce de débile Le nom « espèce » est féminin, il faut donc dire « une espèce d’idiot ». L’erreur fréquente est de se concentrer sur son complément, ici « débile » au masculin.
Nous ne sommes pas assez nombreux, loin s’en faut ! Nous ne sommes pas assez nombreux, loin de là.

OU

Nous ne sommes pas assez nombreux, tant s’en faut !
Ici, il s’agit d’une confusion entre les expressions « loin de là » et « tant s’en faut » qui, elles, sont justes.

Pour souligner une allégation, on dira donc : « loin de là ».
Pour marquer un écart, une différence, on utilisera « tant s’en faut ». Qui signifie donc qu’il en manque beaucoup.
Touche-moi pas ! Ne me touche pas ! En tournure négative, le « ne » est obligatoire. L’erreur vient du questionnement « ne touche pas qui ? moi ». Ici, le pronom complément doit se situer à gauche de l’impératif : ne ME touche pas.
Je vais au coiffeur Je vais chez le coiffeur La phrase renvoie à l’idée de se rendre chez quelqu’un. On préfère donc utiliser « chez » que « au ».
On se demande bien qu’est-ce qu’on fait pour les trouver au final ? Finalement, on se demande bien ce que l’on doit faire pour les trouver.

OU

Finalement, on se demande : que doit-on bien faire pour les trouver ?
Double solécisme :

« Au final » est grammaticalement faux. On préfère « finalement », en début de phrase, pour introduire un contexte.

Ici, « est-ce que » ne s’emploie que dans une question directe.
Je travaille sur Lyon Je travaille à Lyon La préposition « sur » n’a pas sa place devant un nom propre, car elle sert avant tout à désigner la position physique. « À » est plus approprié.
« Autant pour moi » ou « Au temps pour moi » : lequel est juste ?

« Autant pour moi » ou « Au temps pour moi » : lequel est juste ?

C’est sans doute l’une des questions qui divise le plus les experts de la langue française. Si la prononciation de cette expression bien française est identique, l’orthographe, elle, est différente et nous sommes souvent tentés d’écrire une version à la place de l’autre.

Alors, « autant pour moi » ou « au temps pour moi » : quelle orthographe est la bonne ? Nous allons voir dans cet article que la réponse n’est pas aussi évidente qu’on le pense et qu’elle mérite que l’on s’y attarde un moment.

Passionné de langue française ? Explorons ensemble l’origine, le sens et les usages de cette expression afin de tenter de résoudre une bonne fois pour toutes ce dilemme orthographique.

Autant pour moi : quelle orthographe ?

Vous ne vous étiez sans doute jamais posé la question avant de devoir l’écrire : est-ce « autant pour moi » ou « au temps pour moi » ? Quelle version est correcte ?

Allez, ne paniquez plus. Respirez. Nous avons une bonne nouvelle pour vous, vous trouverez tout ce qu’il faut savoir dans cet article pour ne plus jamais douter de la bonne orthographe de cette expression. Et si vous voulez encore améliorer vos performances, foncez lire notre précédent article qui vous révèle 16 pièges invisibles à éviter pour ne plus faire de fautes. 

Quelle est la signification de l’expression « autant/au temps pour moi » ?

Commençons par le commencement. D’après l’Académie française, cette expression signifie — et ce, peu importe son orthographe finalement — que l’on admet son erreur et que l’on va reprendre ou reconsidérer les choses depuis leur début.

Bref, lorsque l’on commet une maladresse et que l’on souhaite se rattraper auprès de la personne que l’on a offensée, « autant/au temps pour moi » semble être l’expression la plus appropriée.

Retenez toutefois qu’il s’agit d’une expression dite « familière« , c’est-à-dire qu’elle n’appartient pas au registre soutenu. Si vous voulez faire bonne impression et avoir l’air raffiné lors d’un dîner avec le président de la République par exemple (tout est possible !), évitez donc de l’employer. À la place, vous pouvez briller en utilisant l’expression latine « mea culpa » qui signifie littéralement « ma faute » et qui constitue également une manière élégante de reconnaître que l’on a mal agi.

 L’origine de l’expression « au temps pour moi » serait militaire
L’origine de l’expression « au temps pour moi » serait militaire

Une origine militaire

D’après l’Académie française elle-même, il est impossible de savoir vraiment précisément à quelle époque ou comment est apparue l’expression « autant/au temps pour moi ». L’hypothèse qui semble toutefois la plus vraisemblable est celle qui renvoie au langage militaire, avec la graphie « au temps » et non « autant ».

En effet, lors d’un exercice, d’une manœuvre ou d’un défilé, les soldats devaient être en rythme — souvent celui d’une musique d’accompagnement — et de nombreuses injonctions leur étaient adressées pour leur indiquer comment et où se diriger. 
Ils devaient ainsi respecter des « temps », c’est-à-dire des moments précis, effectués à la seconde près, et séparés par des pauses. Une petite erreur dans l’enchaînement, et hop ! on hurlait donc aux pauvres soldats fautifs « au temps ! » afin qu’ils recommencent leur mouvement correctement depuis le début.

De la critique à l’autocritique, il n’y a donc qu’un pas — ou plutôt, un temps —, et l’expression « au temps pour moi » aurait ainsi trouvé sa place dans les rangs militaires avant de s’intégrer finalement tout doucement dans le langage courant.        
D’ailleurs, c’est également de cette origine que découle l’expression très connue : « en deux temps, trois mouvements », qui renvoie aux soldats qui effectuaient des mouvements très rapides pour changer leur arme de position. Plutôt logique, quand on y pense, n’est-ce pas ?

Le temps de la confusion

Il est vrai qu’à première vue, c’est la graphie « autant pour moi » qui semble la plus logique. Notamment parce qu’elle renvoie l’idée que l’on a fait une erreur, avec une certaine notion de réciprocité, « je pensais que tu avais tort, mais en voilà autant pour moi », réciprocité qui semble malgré tout absente de la version « au temps pour moi ».

Toutefois, et comme vous avez déjà pu le constater en lisant notre précédent article qui vous détaille les 69 fautes de français à ne plus (jamais) faire, la langue française est loin, très loin d’être simple, surtout lorsqu’il s’agit d’orthographe. Aussi, il n’est pas rare de s’emmêler les pinceaux devant ce qu’on appelle « l’homophonie ». Ce phénomène désigne des mots qui ont la même prononciation, mais un sens différent comme « autant » ou « au temps » ou encore « verre » ou « vair », par exemple. De quoi créer un joli embrouillamini, comme on les aime.

La graphie « autant pour moi » serait donc une altération de la graphie d’origine en raison de cette homophonie. Cela n’est pas sans rappeler le célèbre combat littéraire mené par Honoré de Balzac qui estimait que l’on devait écrire « Cendrillon ou la petite pantoufle de vair », affirmant ainsi que la version de Charles Perrault et sa « petite pantoufle de verre » était erronée.

Mais, est-on bien sûr de cela ? La question anime encore les linguistes à ce jour, tout comme celle de la graphie « au temps pour moi ».

L’Académie française a finalement tranché : « au temps pour moi » est la bonne orthographe
L’Académie française a finalement tranché : « au temps pour moi » est la bonne orthographe

Une expression qui fait encore débat

Eh oui, c’est bien là que les choses se corsent. Des voix s’élèvent et critiquent l’orthographe officielle et conforme à l’usage, à l’image du célèbre grammairien Maurice Grevisse. Celui-ci n’a jamais caché ses doutes et préférait la graphie « autant pour moi ». Pour lui, c’est la version « au temps pour moi » qui serait une altération et non l’inverse.

D’autres soupçonnent également l’expression « autant pour moi » d’être en réalité un calque de l’expression anglaise « so much for » qui se traduit par « autant pour » et qui est effectivement très similaire dans la forme et dans le sens.        

Toutefois, et sauf ordre contraire, l’Académie française a tranché : elle estime que la seule et unique orthographe à retenir est celle conforme à l’étymologie.

La graphie « autant pour moi » n’est tout de même pas totalement fausse si vous en faites bon usage en l’utilisant notamment pour signaler à votre interlocuteur que vous désirez la même chose que lui.

Alors, ne doutez plus et obéissez aux ordres comme tout bon soldat : évitez les fantaisies (« OTAN pour moi », vous n’y pensez quand même pas !), et écrivez « au temps pour moi » !

« Autant pour moi » ou « Au temps pour moi » : quelques exemples pour ne plus vous tromper

  • J’ai 20 euros dans mon porte-monnaie. Ah non, au temps pour moi, je n’ai que 10 euros.
  • Jacqueline a commandé 10 sushis ? Alors, j’en veux autant pour moi, j’ai faim !